Festival du Regard

Festival d'art photographique parisien






Todd Hido

House Hunting

House Hunting illustre parfaitement l’errance artistique et physique de Todd Hido qui a sillonné l’Amérique en voiture pour en saisir le mystère. Le sujet est clair, titré sans fioritures : chasse immobilière. Pourtant le traitement de l’image, si reconnaissable, conduit le spectateur vers une symbolique plus romantique, teintée d’une nostalgie certaine. Son filtre artistique est brumeux comme l’esprit. Pour rendre plus fécond notre imaginaire et stimuler nos projections, la présence humaine est uniquement implicite. Aucune silhouette en ombre chinoise. Cette absence renforce la charge mystérieuse de l’œuvre et on devine à la seule lueur qui s’en échappe que ces maisons sont habitées. « Si vous voulez prendre une photo, vous ne frappez pas à la porte de quelqu’un pour lui demander la permission », dit Todd Hido. Peu importe la ville dans laquelle nous nous trouvons, le photographe emprunte les rues anonymes, choisissant des vues qui pourraient être «n’importe où » en Amérique et, surtout, « à n’importe quel moment ». Comme toujours dans son processus, Hido est à la recherche de quelque chose – «insatiable» dans cette recherche, dit-il, « même si je ne peux pas nommer exactement ce que je cherche ».
Publié en 2001, le livre House Hunting est, d’une part, le portrait d’une certaine Amérique ; un endroit économiquement défavorisé, des maisons sombres et vides avec le linge sale à peine rangé, ou des maisons avec les lumières allumées mais ne dégageant aucune chaleur. Simultanément, il s’agit d’un portrait de l’Amérique – et plus précisément de l’Amérique suburbaine – de n’importe quelle décennie contemporaine d’après-guerre : un regard brut sur la peinture blanche qui s’écaille sur les palissades. L’œuvre de Hido a des échos de l’adolescence des années 70 qu’il a passée dans sa ville natale de Kent, dans l’Ohio, une ville marquée par la fusillade en 1970 de quatre étudiants par la Garde nationale de l’armée de l’Ohio lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam. Mais là encore, les images résonnent moins pour leur relation avec le photographe que pour leur capacité à se connecter et à s’identifier à n’importe quel spectateur. Ce sont des photographies réservées, débordantes d’émotion et d’histoire, mais peu enclines à dire un mot : « Je photographie des maisons la nuit parce que je m’interroge sur les familles qui y vivent. Je m’interroge sur la façon dont les gens vivent, et l’acte de prendre cette photo est une méditation ». House Hunting est donc plus une question qu’une réponse.

Todd Hido (né à Kent, Ohio, en 1968) erre sans fin, effectuant de longs voyages en voiture à la recherche d’images en rapport avec ses propres souvenirs. Ses photographies figurent dans de nombreuses collections privées et publiques, notamment au Getty, au Whitney Museum of American Art et au San Francisco Museum of Modern Art. Hido a publié plus d’une douzaine de livres, dont les monographies primées House Hunting (2001) et Excerpts from Silver Meadows (2013), ainsi que des coffrets B-Sides innovants, qui accompagnent ses livres. Ses titres chez Aperture comprennent Todd Hido on Landscapes, Interiors, and the Nude (2014) et Intimate Distance : Twenty-Five Years of Photographs (2016). Son dernier livre est Bright Black World (2018).

Todd Hido est représenté par la galerie Les Filles du Calvaire, Paris.

Lieu d'exposition: Centre Commercial des 3 Fontaines – Cergy 3