Festival du Regard

Festival d'art photographique parisien






Juliette Agnel

Taharqa et la nuit

Peut-on imaginer ce que ressentaient les « Pharaons noirs » en 660 avant notre ère, quand se couchait le soleil et qu’une nuit sans lune, par temps clair, faisait émerger mille étoiles dans le ciel ? Etaient-ils admiratifs de ce spectacle ou, au contraire, craignaient-ils cette obscure clarté ?

A l’invitation de Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, Juliette Agnel s’est rendue au Soudan en 2019 à la recherche de l’Antique cité de Méroé connue pour ses nécropoles à pyramides à forte pente relativement bien conservées. Le site est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2003. Cette cité a formé la capitale du royaume de Koush pendant plusieurs siècles. Le royaume koush de Méroé, qui a donné son nom à l’île de Méroé, fait aujourd’hui partie du Soudan moderne, une région limitée par le Nil (de la rivière Atbara à Khartoum), la rivière Atbara et le Nil Bleu.
Taharqa, le nom de sa série, fait référence au pharaon du même nom ayant régné de – 690 à – 665 dans cette région et connu pour ses valeureux combats. Il se fera enterrer dans une pyramide monumentale. Juliette Agnel, aidée par le récit de l’archéologue Charles Bonnet, a eu l’idée de faire la nuit sur cette cité enfouie car «toutes ces cités ont été construites selon la position des étoiles, notamment les tombeaux. Ils ont été conçus avec une porte donnant sur le Nil, puisque les Dieux voyagent sur ce fleuve. Tous ces lieux sont sacrés et j’avais envie de montrer les forces qui animent cet endroit. Voyager au Soudan, dans cette zone, c’est partir à la recherche de la trace de la disparition d’un peuple, à travers les tombeaux, les temples, les peintures rupestres, les sculptures… C’est aussi toucher du bout des doigts leur existence, c’est un voyage dans le temps… Sur place, il y a cette impression de monde enfoui, avec le désert qui tente d’engloutir les habitations, fait disparaitre, ou apparaître, les pyramides de Méroé, au loin comme un mirage.

Née en 1973, Juliette Agnel a fait des études d’arts plastiques et d’ethno-esthétique (Paris 1), et aux Beaux Arts de Paris (félicitée en 1999). Une rencontre avec Jean Rouch l’amène sur les routes de l’Afrique pendant plus de 10 ans. En 2011, elle conçoit et fabrique une machine : la camera obscura numérique avec laquelle elle filme et photographie. Soutenue par Michel Poivert qui l’invite au séminaire photographique en 2012, son oeuvre sera exposée en Corée du Sud, en Norvège ou en France, notamment à la FIAC (Galerie Françoise Paviot – 2013), aux Nouvelles Vagues du Palais de Tokyo (2013), à l’exposition Close to me de Guillaume Lasserre (2015), au Mois de la Photo (2015), à Paris Photo (2016). Juliette Agnel a bénéficié d’une exposition personnelle à L’Espace Van Gogh à Arles en 2014 et est invitée par Léa Bismuth, aux Tanneries d’Amilly en 2017. Elle participe au Prix découverte à Arles en 2017 avec « les Nocturnes » qui seront aussi présentées à la FIAC la même année. L’artiste poursuit son travail de recherche vers les paysages extrêmes lors d’une expédition au Groenland en 2018 et est invitée à produire et montrer ce travail, « les Portes de glace » au centre d’art Labanque (Béthune) pendant l’année 2018-2019 pour le 3e volet de la trilogie sur Georges Bataille (La traversée des Inquiétudes, commissaire Léa Bismuth) et à Chaumont-Photo-sur-Loire en parallèle. En 2022, une des grands tirages de Juliette Agnel a fait partie de l’exposition « Pharaons » au Louvre. Ses photographies de nuit sont montrées cet automne à la galerie Clémentine de la Féronnière à Paris, au Campredon Centre d’art à L’Isle-sur-la-Sorgue, également à la Roche sur Yon et à la galerie Metivier à Toronto au Canada.

Juliette Agnel est représentée par la galerie Clémentine de la Féronnière, Paris.

Lieu d'exposition: Centre Commercial des 3 Fontaines – Cergy 3